C.E.E, le grand déménagement
"Ce n’est pas le début, mais la poursuite de l’effort jusqu’à la complète exécution de l’œuvre qui peut rapporter la vraie gloire"
c’est ce que se remémorait Adrian Hill au commencement.
Adrian Hill, le père fondateur de l’art-thérapie en Grande-Bretagne.
Il est peintre et contracte la tuberculose en 1938, au sanatorium où il séjourne, il reprend ses pinceaux et découvre
le pouvoir thérapeutique de l’art sur lui...
Musique :
René Aubry - Steppe
C.E.E, le grand déménagement
« Ce n’est pas le début, mais la poursuite de l’effort jusqu’à la complète exécution de l’œuvre qui peut rapporter la vraie gloire » c’est ce que se remémorait Adrian Hill au commencement. Adrian Hill, le père fondateur de l’art-thérapie en Grande-Bretagne. Il est peintre et contracte la tuberculose en 1938, au sanatorium où il séjourne, il reprend ses pinceaux et découvre le pouvoir thérapeutique de l’art sur lui.
Puis en accompagnant d’autres patients, il développe ce nouveau projet qu’est la Thérapeutique par l’Art (en l’occurrence la peinture) et publie un premier ouvrage en 1945 : L’Art contre la Maladie.
Adrian Hill se révèle « restaurateur de Gestaltung » ce que Jean-Pierre Klein expose dans la revue Art et Thérapie consacrée à son œuvre :
Hans Prinzhorn (psychiatre, collectionneur, auteur en 1922 d’Expressions de la folie, Dessins, peintures, sculptures d’asile) appelle « gestaltung » ce besoin irrépressible d’expression se traduisant en une forme, cette « obscure poussée pulsionnelle », un art pratiqué par des personnes possédées de l’urgence créatrice qui caractérise l’art brut en France. La nuance se trouve dans l’accompagnement du processus de création : « Adrian Hill va susciter chez le malade son envie de s’exprimer puis de créer artistiquement alors qu’il avait perdu tout élan vital dans la grisaille de la quotidienneté répétitive.» Le portrait de l’art-thérapeute qui en découle est celui d’un artiste au sens relationnel exemplaire, il accompagne les patients dans une découverte progressive de l’art, il peut décourager avec discernement la tentation du joli sans jugement négatif, il respecte l’autre dans sa fragilité, il peut laisser le contact s’établir d’inconscient à inconscient.
à Sainte Anne
A la C.M.M.E les premiers ateliers thérapeutiques à médiation artistique voient le jour en 1952, ateliers différenciés clairement des activités occupationnelles et des autres formes psychothérapiques.
La peinture est la médiation la plus utilisée dans un premier temps puis d’autres ateliers s’ouvrent avec d’autres outils artistiques comme le modelage, le théâtre, la danse, la musique, l’écriture.
Le terme de psychothérapie à médiation artistique est préféré à celui d’art thérapie à la C.M.M.E compte tenu des techniques utilisées et des références théoriques non univoques qui les sous-tendent.
Le déménagement du C.E.E dans un nouveau bâtiment donne matière à réflexion. Laisser, jeter, emmener.
Le matériel, les livres du service, ce que chacun conserve, ce qu’il donne…
Trier, déchirer, jeter les productions plastiques qui ne seraient pas transférées dans les nouveaux locaux (conservées pour les patients dans le service puis jetées s’ils ne les récupèrent pas après un certain temps). Que procurent ces gestes ? La production en danse combien pèse-t-elle ? Quelles traces laisse-t-elle quelque part ?
L’acte, la notion de temps, d’appartenance prend alors un autre sens pour l’œuvre. La perte, le déchirement comment est-il vécu ? Le corps aussi a sa salle de conservation qu’il faudrait vider de temps en temps, et quels efforts pour jeter, trier, retrouver ?
La matière plastique se conserve mieux que la matière éphémère ? La matière plastique est-elle plus facile à jeter que la matière éphémère ? Chacun aura une réponse personnelle.
Ce changement de lieu remue les choses du passé, dynamise le présent et donne un certain élan vers l’inconnu. « Une sortie c’est comme une entrée à l’envers ». C’est avec un grand engouement que je découvre la nouvelle salle de danse de plein pieds (le niveau de la terre procure un sol accueillant), les autres ateliers et les différents bureaux du C.E.E sont spacieux, l’accès à l’aire libre a aussi son importance. Les couleurs sont aussi vivent qu’elles étaient passées dans les anciens locaux et le « fauteuil d’attente » rouge dans le couloir rappelle étrangement le sofa-bouche de Dali qui donne une touche surréaliste au paysage de l’attente.
Bibliographie : - De l’Art des Fous à l’Oeuvre d’Art ; Histoire d’une Collection Anne-Marie Dubois, ed. Edite, Centre d’Etude de l’Expression - L’Art contre la Maladie, hommage à l’inventeur de l’art-thérapie : Adrian Hill Revue Art et Thérapie, n°100 - Art, Folie et Alentours Revue area n°24