Elegía a Carmen Amaya
Los Canasteros, Seguiriya
"¡Los Canasteros!" y una noche en el Coral de la Morería,1964.
El Coral de la Morería
Enregistrement en direct du
Tablao, Madrid 1959. Au milieu des années 50 et ce jusqu’à l’arrivée de la Démocratie, les tablaos sont devenus la grande école de l’art flamenco, la chaire du professionnalisme. Même si leur création répondait, en général à des demandes d’un autre ordre -profiter du boom touristique- toutes les grandes pointures sont passées par les tablaos et toutes en ces lieux ont marqué le genre.
Aussi nous sommes nous heurtés à la gastronomie. Le ministre de l’Information et du Tourisme de l’époque, le brillant Don Manuel Fraga Iribarne, avec la collaboration d’Alfonso Camorra, magnat de l’hôtellerie, envisagea la ligne de conduite qui se prêtait aux lieux : dégustation de sangría, de délicieux produits typiques de la cuisine espagnole et du flamenco.
Sur la pochette originale du 33 tours,
Una noche en el Corralde la Morería, on pouvait lire la chose suivante : "Le Patio de la Morería est l’unique restaurant de luxe avec un
tablao flamenco en Espagne qui se consacre à faire connaître au public espagnol et étranger le plus pur et le plus authentique de l’art gitan, en danse et en chant flamenco".
Rien à ajouter, cette même édition devait être traduite au moins en anglais et en français.
Le Corral est situé dans la madrilène rue de Morería au numéro 17, oú il atteindra vite une réputation mondiale, qu’il a gardée. Il a été inauguré en mai 56 et cet enregistrement-là :
Elegía a Carmen Amaya a été réalisé le 20 Décembre 1959.
Dans cet album, un panel flamenco très riche, les meilleurs artistes de l’époque trouvent leur première opportunité au Corral : La Paquera et Fosforito, la guitare souveraine de Juanito Serrano. Entre autres on remarque les noms de Gabriela Ortega, Jarrito, Dolores de Córdoba ou La Chunga, avec une image de
cantaora peu commune.
¡Los Canasteros!
En mars 1963, Manolo Caracol, retiré partiellement de la scène pour des raisons
de santé, ouvre également à Madrid, au 11 rue Barbieri,
Los Canasteros, qu’il tiendra pendant dix ans, jusqu’à sa mort.
Canasteros a été un
tablao exceptionnel, comme
on peut l’imaginer, le propriétaire étant un
des plus grands génies de l’histoire du flamenco.
Un lieu repu d’art
cañi. L’enregistrement, inclus dans cette nouvelle version CD, a été réalisé en 1964. On entend Caracol chanter, chauffé l’ambiance, les bobines d’enregistrement, et les incessants
siseos et
jaleos sans mesure. Cependant c’est une image incroyable de ce qui
se déroulait ici. Dans le
cuadro, on trouvait : Maria Vargas à 17 ans, Bambino à 20 ans, Paco Cepero à 22 ans ; Manuel Soto, El Sordera à 37 ans ; La Perla de Cadiz à 39 ans. Et au cas où
ce serait peu : Carmen Casarrubio, Manuela Ortega, El Mani, Eugenio Caracoles, María Albacín, Romerito de Jerez, Diamante Negro…
Ainsi nous rentrons dans le tunnel du temps.
José Manuel Gamboa, traduit de l’espagnol
par M.Sauzot.
Légendes
Elegía a Carmen Amaya : Hommage à Carmen Amaya, bailaora, pionnière dans son genre.
Seguiriya : chant profond et grave avec peu de paroles et beaucoup de plaintes, en AY.
Una noche en el Corral de la Morería : Une nuit au Patio de la Morería.
Corral : anc. Théâtre, patio.
Los Canasteros : les vanniers, fabricants de corbeilles, chaises, anc. activité gitane.
Tablao : cabaret flamenco, avec estrade pour danser, chanter, jouer, lieu de fiesta.
Cantaora : chanteuse de flamenco, chanteuse : cantante en espagnol.
Bailaora : danseuse de flamenco, danseuse : bailarina en espagnol.
Cañi : argot, gitan (payo : pas gitan), en espagnol : gitano.
Siseos : psitt, huées, les Olé (bravo).
Jaleos : le boucan, les applaudissements, également une forme de danse en flamenco.
Cuadro : groupe flamenco (chant, danse, guitare, palmas).
Palmas : battre le rythme avec les mains à compàs (base rythmique, jeu avec les temps forts).